e terme clinique est hérité de la médecine : si on l’appelle psychologue clinicien, c’est parce qu’il sort de son laboratoire pour rencontrer « l’autre » dans des situations « naturelles » et parce qu’il rencontre des personnes présentant des troubles ou des difficultés psychiques. Est donc clinicien le psychologue qui rencontre des personnes en tant d’individus singuliers, contrairement à la situation de laboratoire où seules des variables sont manipulées.
La première définition de la psychologie clinique est donnée en 1949 par Daniel Lagache : « L’humanité de l’objet la spécifie moins que l’attitude méthodologique : envisager la conduite dans sa perspective propre, relever aussi fidèlement que possible les manières d’être et de réagir d’un être humain concret, complet, aux prises avec une situation, chercher à en établir le sens, la structure et la genèse, déceler les conflits qui la motivent et les démarches qui tendent à résoudre ces conflits, tel est en résumé le programme de la psychologie clinique ».
Il y a eu, au cours de l’histoire de la discipline, un déplacement de son centre de gravité. La psychanalyse, qui était à ses frontières comme une « ultra-clinique » est petit à petit devenu son noyau dur, la confrontant au risque de n’être plus qu’une sorte de cytoplasme mou. Les choses sont aujourd’hui plus diversifiées et la psychanalyse est redevenue un modèle théorique parmi d’autres, de la psychologie clinique. La psychanalyse avait été appelée à cette place du fait d’une série d’oppositions qui étaient vécues comme des impasses : des points de vue (naturaliste vs humaniste), des champs (psychologie expérimentale vs médecine), des pôles de la personnalité (le comportement vs la sphère affective). Cela a eu pour effet immédiat un enrichissement de la discipline, tant du point de vue de la technique (l’entretien, l’examen psychologique) que du point de vue doctrinal.
L’unité de la psychologie qu’appelait de ses vœux Daniel Lagache ne peut donc être obtenue qu’en maintenant un équilibre entre des forces parfois opposées.
Ce que l’on appelle une personnalité, n’est-ce pas non plus un équilibre entre des forces internes et externes ? Ce que cette personnalité peut avoir d’unique, de singulier, d’irréductible à l’autre, sera exploré aussi complètement que possible à l’aide d’entretiens ou de tests. Il ne s’agit pas d’exclure la subjectivité, ni même de la réduire, mais de la mettre au cœur du projet de la psychologie clinique, d’en faire son objet d’étude : un sujet, le psychologue clinicien, tente de comprendre un autre sujet, le consultant, et il le fait avec les techniques et les méthodes de sa discipline, mais également avec ce qu’il est comme sujet. C’est là, au cœur de la subjectivité, de l’individuel, que la psychologie clinique rencontre l’universel, et partant, fonde sa scientificité.
D. Lagache définit l’objet de la clinique comme « l’étude de la conduite humaine individuelle et de ses conditions (hérédité, maturation, conditions psychologiques et pathologiques, histoire de la vie) en un mot l’étude de la personne totale en situation ». (D. Lagache) Un psychologue clinicien utilise comme technique l’entretien et l’examen psychologique avec les tests.
L’individu pris dans sa concrétude, dans son immédiateté, tel est l’objet de la psychologie clinique : « La psychologie clinique est caractérisée par l’investigation systématique et aussi complète que possible des cas individuels ».
La psychologie clinique est donc un large domaine et il y a des tensions récurrentes pour déterminer jusqu’à quel degré la psychologie clinique devrait être basée sur des recherches empiriques et des pratiques basées sur des faits ou bien sur une pensée rationnelle et un jugement critique. En ce sens, la psychologie clinique appréhende le monde d’une manière différente de la psychologie cognitiviste.
Les psychologues cliniciens peuvent accorder une importance variable à ce sujet, mais dans tous les cas les professionnels qualifiés peuvent s’enregistrer auprès de différents types d’organisations représentatives.